Album « It’s Only a Paper Moon »
Cédric Chauveau (p) – Nicola Sabato (b) – Mourad Benhammou (drs) – Enregistré à l’Azile (La Rochelle) les 18, 19 et 20 avril 2016 par Carl Schlosser – Mixage : Carl Schlosser – Mastering : Pierre-Louis Cas
Liner-notes par Jacques Aboucaya (Jazz Magazine) :
« Cet album s’inscrit dans une longue tradition, celle du trio piano-contrebasse-batterie. Une formule quasi canonique qui a traversé toute l’histoire du jazz, même si elle a considérablement évolué au fil du temps. A une conception primitive dans laquelle le piano occupait une place prépondérante, s’est substituée une émancipation de la contrebasse et de la batterie aboutissant à une manière d’« indépendance dans l’interdépendance ». Ainsi chacun est-il appelé à intervenir dans la dynamique du morceau. A participer à son architecture. A jouer aussi un rôle de soliste dans un déroulement où l’interactivité se révèle primordiale. C’est, du reste, à cette stimulation réciproque, à cette empathie que se mesure la qualité d’un trio tel que celui-ci. Révélateur à cet égard, Syracuse, avec ses dialogues et échanges brillants.
A quoi il convient évidemment d’ajouter la valeur intrinsèque de chacun de ses membres. Cédric Chauveau connaît, à l’évidence, les grands maîtres de son instrument dont on retrouve l’influence au fil des plages (ainsi celle d’Erroll Garner et de son imperceptible décalage entre les deux mains dans Oyonnax). Il privilégie cette vertu cardinale du jazz qu’est le swing, à l’œuvre dans l’ensemble de l’album, singulièrement dans ses propres compositions, dont Gospel in My Tears qu’inspire la musique de Dieu, tandis que le Diable innerve My Fingers’ Blues… Il se révèle de bout en bout improvisateur plein d’invention. Fin technicien de surcroît, passant avec aisance des single notes aux block chords avec un sens de l’harmonie affiné par une longue pratique.
Habitué des clubs parisiens, lui-même compositeur et leader de plusieurs groupes, Nicola Sabato conjugue sûreté du tempo et rondeur du son avec une capacité à improviser qui éclate notamment dans son introduction au Yesterdays de Jerome Kern. Quant à Mourad Benhamou, à la tête d’une copieuse discographie tant en leader que comme partenaire des meilleurs musiciens actuels, c’est un batteur complet et stimulant. Il donne tout du long sa pleine mesure, habile dans la relance, soliste capable de bâtir des développements cohérents, sans sacrifier à la moindre esbroufe. Bref, tous les éléments sont réunis pour que l’écoute de ce disque dispense un grand moment de plaisir. C’est la grâce que je vous souhaite ! »
« This album is part of a long tradition, that of the piano-bass-drums trio. An almost canonical formula that has gone through the history of jazz, although it has evolved considerably over time. The primitive design in which the piano featured prominently was gradually replaced through an emancipation of the bass and drums by a conception of « independence in interdependence » where everyone is free to intervene in the dynamics of the piece, participate in its architecture, play a solo role in a sequence where interactivity proves crucial. It is, moreover, this reciprocal stimulation, this empathy which gives such a trio the full measure of its quality. A telling example of this is Syracuse, with its brilliant dialogues and exchanges.
To which we must of course add the intrinsic value of each of its members. Obviously, Cédric Chauveau knows the great masters of his instrument, whose influence can be felt on the different tracks (e.g. Erroll Garner’s and his imperceptible lag between the two hands in Oyonnax). He favors that cardinal virtue of jazz : swing – at work throughout the album, particularly in his own compositions, such as Gospel in My Tears inspired by the music of God, while the Devil innervates My Fingers’ Blues … He proves himself throughout a highly inventive improviser together with a fine technician moving easily from single notes to block chords with a sense of harmony refined through long practice.
Accustomed to Parisian clubs, himself a composer and leader of several groups, Nicola Sabato combines a safe tempo and a round sound with an ability to improvise, particularly remarkable in his introduction to Jerome Kern’s Yesterdays. As for Mourad Benhamou, endowed with an abundant discography both as a leader and sideman of today’s best musicians , he is a versatile and challenging drummer. His gives a full measure of his art throughout, with his smart relaunches, his coherent developments as a soloist, without ever giving in to display. In a nutshell, this disc brings together all the ingredients for a highly enjoyable listening experience, which is all I wish you. »
Jacques Aboucaya – Jazz Magazine – June 2016
Traduction : Greg Nickson